
Livre suggéré:

Touched by Fire, de Louise Barnett
(en anglais)
cette encadré, visible dans la plupart des
pages, vous propose un livre de qualité écrit par un grand connaisseur de
Custer (la plupart du temps un historien) et spécifiquement sur le sujet
de cette page. |
La célébrité mondiale de Custer après la défaite de
Little Bighorn est en grande partie la conséquence
de l’énorme popularité qu’il avait auprès du public américain.
L’histoire d’amour entre Custer et le public américain a commencé à
Gettysburg. Le jeune général s’était en effet habillé d’une façon si
contrastée par rapport aux uniformes traditionnelles de l’US Army qu’il déclenchait
tout autour de lui des réactions diverses, des rires à l’admiration (en
grande partie féminine). Mais le but du jeune général vaniteux était atteint :
il aimait en effet ne pas passer inaperçu.
La presse nordiste, qui cherchait en vain de glorieuses
figures militaires qui relèveraient le moral des troupes (les défaites
successives de l’Armée du Potomac face aux armées du général Lee et
l’absence de contre-attaque nordiste face aux Sudistes défaits à Gettysburg
ayant ébranlé l’opinion public ), ne mit pas longtemps à remarquer ce
chevalier des temps modernes. Elle le surnomma « le Beau Sabreur »,
le « Général-Enfant » (BoyGeneral) « Le général aux
boucles blondes » ou encore « le Murat de l’Union ». Custer
lui-même cultiva assidûment son image lros de la campagne de la Shenandoah, en
acceptant qu’un journaliste et un illustrateur le suivent lors de ses
offensives contre Jubal Early.
Le général aimait fréquemment décrire
l’adulation qu’il déclenchait, et ne manquait pas une seule chance de se
montrer en public. En 1864, il fit même décorer une charrette de drapeaux
ennemis capturés pour que celle-ci le fasse conduire jusqu’au Capitole,
devant le Ministre de la Guerre.
Mais cette popularité, Custer l’eut aussi
sur le champ de bataille. En effet, l’admiration que lui portaient ses simples
hommes de troupes, que ce soient les Wolverines du Michigan ou la troisième
division toute entière, ne finissait pas d’étonner les généraux en chef.
Le général Grant écrit d’ailleurs une lettre aux BoyGeneral en 1865 pour le
remercier des services rendus à l’union et pour le féliciter du moral de ses
troupes. Un Wolverines témoigne :
« le général Custer galopa toute la nuit pour venir à l’hôpital
militaire où se trouvaient nos camarades blessés le jour-même. Il resta avec
eux pendant de longues heures, pour leur remonter le moral et les féliciter
pour leur courage. Le matin, quand il partit, j’ai entendu dire par des hommes
que le général Custer était le meilleur général de l’Union, et que
quelques uns des blessés étaient pressés de guérir pour pouvoir charger à
ses côtés ».

La presse aimait à dire que le nom de Custer rimait avec
Victoires sur le champ de bataille, mais elle oublia que Custer était aussi
victorieux dans un champ de bataille tout aussi coriace, celui de la popularité.
La guerre finie, l’adoration du public pour Custer ne fléchit
pas. A la grande Revue des troupes à Washington, en 1865, toute la foule se mit
à scander le nom du BoyGeneral alors qu’il défilait. Partout où Custer se
rendait, il était assailli de journalistes et de demandeurs d’autographes, et
il devint, c’est tout du moins ce que dit la légende, l’homme le plus
photographié de l’histoire des USA !
En 1867, l’engouement médiatique qui entoura la campagne
contre les Indiens profita à nouveau à Custer. Il autorisa un journaliste à
l’accompagner et lui accorda toute une série d’interviews qui, une fois
publiés, suscitèrent l’intérêt à l’Est. La Custeriana, en d’autres
termes le fanclub de Custer, prit aussi son essor : on vendit des cartes,
des photos, des vases, des tableaux, des cigares et même des objets personnels
de Custer au public ! La
victoire contre le dangereux chef cheyenne Black Kettle, en 1868, amène cette
popularité à son apogée.
Sur sa popularité de soldat courageux vint se greffer
celle de mari parfait. L’admiration mutuelle George/Libbie Custer fit d’eux
LE couple de l’époque. Plusieurs femmes témoignèrent, après Little Big
Horn, que Custer avait été leur idole de jeune fille, et sa mort le premier
grand drame de leur enfance. Quelques femmes supplièrent même Custer de leur
offrir une boucle blonde quand il irait chez son coiffeur !

Le
lieutenant-colonel Custer devant son bureau de Fort Linclon, 1875
|
Custer avait l’avantage d’être tout ce qu’un haut
gradé n’est en général pas : impulsif, drôle, jeune, et en bonnes
relations avec la presse, au point de se défendre avec elle quelques fois.
C’est sûrement ce côté humain (contraste avec la vie généralement austère
de soldat) qui forgea cette intimité entre lui et le peuple américain.
Il ne manquait jamais de faire des farces : un jour,
au théatre, au Kansas, il bombarda son voisin de devant avec des dépliants pliés
car le programme de la soirée l’ennuyait. Une autre fois, il glissa une
entraille de poulet sous le coussin de son frère cadet Thomas. Dans la famille
Custer, les farces étaient un moyen habituel de détendre l’atmosphère, et
Custer se prenait au jeu de la même façon que son frère. Un jour, ce dernier
lui mit un cafard dans sa purée de pomme de terre. Une autre fois, Tom et
George imitèrent le cri indien pour effrayer leur frère Boston, qui se
soulageait sous un arbre en territoire hostile.

Cet aspect soldat/courageux/beau/drôle conquit les Américains.
En 1868, ils firent un triomphe à leur « vaillant soldat de la nation »
quand il revint de la campagne de la Washita, victoire militaire contre le
peuple cheyenne. Les incursions de Custer dans la vie civile – notamment à
NewYork et Kansas-City se firent à grand renfort d’articles journalistiques.
Il devint alors logique que Custer, « premier sportif
du pays » d’après le New York Herald, ait l’honneur
d’accompagner le duc Alexis de Russie dans un périple dans les Plaines. Ce
dernier augmenta encore la popularité de son accompagnant en déclarant que
Custer était « l’homme le plus plaisant qu’il m’a été donné
de connaître ».
Le succès public n’alla cependant pas en concert avec la
popularité parmi les troupes, comme ce fut le cas pendant la guerre de Sécession.
Le jeune âge de Custer, son népotisme, son orgueil et son image (« l’homme
le plus mystifié d’Amérique ») déplut immédiatement à ses hommes,
et le 7e de cavalerie, qu’il commandait depuis 1866, ne tarda pas
à se diviser entre pro-Custer et anti-Custer. Cette division eut des conséquences
jusqu’au déroulement de la bataille de Little Big Horn.
1875 : La sortie du livre « Ma vie dans les
Grandes Plaines », autobiographie de Custer dépeignant ses années de
guerre contre les Indiens, fut acclamé par les critiques et devint un
best-seller. Evidemment, dès
l’annonce de la mise aux arrêts de Custer pour avoir témoigné contre
l’administration corrompue du président Grant, en 1876, fit grand bruit dans
la capitale, et ce fut à cause de la pression populaire que Grant fut obligé
de rendre le commandement du 7e à Custer pour la campagne de Little
Big Horn !

Little Big Horn qui fut, c’est aujourd’hui largement
confirmé surtout si l’on se hasarde dans une bibliothèque américaine,
l’apogée de sa gloire. La mort de son héros choqua profondément l’Amérique,
qui se mit à le glorifier.
Le mythe du Last Stand, c’est-à-dire la Résistance
Ultime et Courageuse de Custer au sommet de la colline, entouré de cadavres de
soldats, agressé par des sauvages sanguinaires, naquit dans ces années-là. Il
faut encore noter que Mark Kellog accompagnait le général dans son destin, et
que cet homme n’était rien d’autre qu’un reporter pour le Bismarck
Tribune.
Aujourd’hui, si la gloire de Custer a bien souffert,
il n’en reste que Custer a toujours des inconditionnels (125 ans après !) et que
son nom est devenu familier au monde. Le triomphe du Western dans les années
40-50 ne fit qu’accentuer ce phénomène : Custer est la troisième
figure de l’Ouest la plus représentée au cinéma, devant Wyatt Earp ou Billy
The Kid ! Les livres de Libbie
Custer, qui s’entretient tout son veuvage à soigner l’image de son défunt mari,
écrivit trois livres, dont un fut un énorme best-seller. Aujourd’hui, malgré
l’image du Tueur Sanguinaire et raciste qui s’est greffée sur son
nom, le général Custer reste et restera sans doute une figure incontournable
de l’histoire américaine.
Plus de 450 personnes aux USA sont membres de la Little Big Horn Associates, association qui a pour but d’étudier et
d’explorer la courte mais intense vie de Custer. En Afrique du Sud ou
en Grande-Bretagne, il existe des associations similaires de gens touchés
par la « maladie » contagieuse et incurable qu’est la Custeriana.
Qu’elle que soit la véritable place de Custer dans
l’Histoire, son mythe l’a propulsé au rang de Héros National ou de grande figure
historique, au même titre qu’un De Gaulle en France, une grande figure qui n’en finit pas de déclencher intérêt, voire
fascination.
L'hymne "Plus près de Toi Mon Dieu", une des
chansons favorites des cavaliers du 7ème de cavalerie :
Mon Dieu, plus près de
toi,
Plus près de toi!
C’est le cri de ma foi
Plus près de toi!
Dans les jours où l’épreuve
Déborde comme un fleuve,
Tiens-moi plus près de toi,
Plus près de toi!
Plus près de toi, Seigneur
Plus près de toi!
Tiens-moi dans ma douleur
Tout près de toi!
Alors que la souffrance
Fait son oeuvre en silence,
Toujours plus près de toi,
Seigneur, tiens-moi!
Plus près de toi,
toujours,
Plus près de toi!
Donne-moi ton secours,
Soutiens ma foi!
Que Satan se déchaîne,
Ton amour me ramène
Toujours plus près de toi,
Plus près de toi!